Nous étions pourtant des dizaines de milliers Place Tahrir, mais aussi à Alexandrie ou à Tunis, fiers et heureux de nous retrouver à chaque fois plus nombreux d'un rassemblement l'autre.
Chaque discours précisait davantage les contours du futur monde plus fraternel, plus juste, plus libre, plus démocratique que nous construisions ensemble. Un monde ouvert sur les autres.
La perspective de fonder des institutions nouvelles nous enthousiasmait. L'Assemblée Constituante qui leur donnerait forme nous permettrait d'en finir avec les injustices de l'ancien système.
Et puis les élections se sont tenues. Depuis il fait froid. Les plus réactionnaires, les plus conservateurs, les plus obscurantistes, les plus fermés aux autres les ont gagnées.
« On vous l'avait bien dit, ils ne sont pas mûrs pour la démocratie » disaient certains de l'autre côté de la Méditerranée.
« Ils », c'étaient nous. Vivement que nous connaissions, nous aussi, notre Siècle des Lumières.
Ce n'est pas en France que nous verrions un mouvement aussi puissant trahi par les urnes ...